La plante du mois de décembre : le sapin

Il vous a fait rêver "avec ses petits joujoux par milliers" que l’on dépose à ses pieds, c’est une tradition bien ancrée désormais mais en connaissez-vous l’origine ?

Comme bien souvent, quand on cherche à retrouver l’origine des pratiques et traditions, plusieurs théories apparaissent.
Le sapin et l’épicéa, conifères à feuilles persistantes, rappellent depuis longtemps ce symbolisme de la renaissance lors du solstice d’hiver, comme en attestent les gravures rupestres dans les régions scandinaves.

Gravures rupestres en Suède avec le transport d’un épicéa

L’image de l’arbre comme symbole de renouveau de la vie est un thème traditionnel païen qui se retrouve dans le monde antique et médiéval. L’utilisation d’arbres à feuilles persistantes, de couronnes et de guirlandes pour symboliser la vie éternelle est une coutume antique chez les Égyptiens, Chinois et Hébreux. Les Romains décorent leurs maisons de branches de laurier, de buis ou d’olivier et laissent allumées des lampes pour éloigner les démons. Le culte des arbres est courant dans l’Europe païenne et survit à sa conversion au christianisme dans les coutumes scandinaves, où persiste la tradition de décorer la maison avec des conifères auxquels on attache des torches et des rubans de couleur pour chasser les mauvais esprits.

Une décoration de luxe sous la verrière des Galeries Lafayette à Paris en 2005

Une autre théorie lui attribue une origine chrétienne, en Gaule. La coutume du sapin décoré remonterait au missionnaire saint Colomban qui fonde en 590 le monastère de Luxeuil au pied des Vosges. Un soir de Noël, il emmène avec lui quelques-uns de ses religieux jusqu’au sommet de la montagne où préside un antique sapin, objet de culte païen. Les moines accrochent à l’arbre leurs lanternes et leurs torches et dessinent une croix lumineuse au sommet. Cet acte permet à saint Colomban de raconter les merveilles de la naissance de Jésus aux paysans accourus voir ce spectacle et d’en convertir plusieurs, lançant la coutume d’installer chaque année des sapins illuminés.

Sapins entourant la colonne de la place Vendôme à Paris
Photo Luc Rioland

Cette influence chrétienne se retrouve au Moyen Âge dans les Mystères qui ont notamment pour décor un arbre de Noël (symbolisant l’arbre du paradis). Dès le XVe siècle, cet arbre du paradis est dressé dans les sièges des corporations et les hôpitaux en Allemagne puis est installé dans les foyers des familles bourgeoises protestantes (les familles catholiques se différenciant quant à elles avec leur crèche de Noël). Cette tradition protestante scandinave et germanique se répand dans les villes comme dans les campagnes au XVIIe siècle. L’arbre de Noël devient une tradition profondément enracinée en Allemagne à partir du XIXe siècle (aussi bien dans les familles protestantes que catholiques), des colons allemands l’ayant exporté en Amérique du Nord au début du XVIIe siècle. Sur le sol britannique, c’est sous le règne de la reine Victoria que le prince Albert a introduit cette tradition provenant de sa Saxe natale tandis qu’en France, elle sera diffusée par les Alsaciens et Lorrains optant à la nationalité française après la défaite de 1870.

Un hôpital allemand en 1871 avec son sapin de Noël

Depuis le sapin de Noël s’est généralisé et il est devenu un objet de grande consommation. Des plantations uniquement destinées à fournir la demande sont réalisées afin de limiter les coupes dans les bois. Acheter un sapin de Noël naturel est un acte « vert », contrairement à certaines idées reçues, les sapins de Noël sont issus de plantations spécifiques et ne sont donc pas coupés en forêt. Acheter un sapin de Noël naturel, ce n’est donc pas participer au déboisement.

Plantation de Nordmann

Jusqu’à il y a peu, le « sapin » de Noël était majoritairement un épicéa commun, arbre moins cher, parfumé et à croissance plus rapide, mais qui garde ses aiguilles moins longtemps que le sapin de Nordmann qui s’est imposé malgré son prix et son parfum beaucoup plus discret. Le quart des sapins produits en France (superficie estimée à plus de 5 000 hectares) vient du Morvan, première région productrice suivie de la Bretagne.

Arbres en pot prêts à la vente avec leurs racines

Les sapins de Noël peuvent être vendus coupés ou en pot, ce qui permet de le replanter à la fin des festivités. Le sapin replanté peut lui-même servir de sapin de Noël d’extérieur : la généralisation de guirlandes électriques « tous temps » permet aux particuliers de décorer un arbre de leur jardin, souvent visible de la rue, ainsi que la façade de leur maison. Mais attention à la consommation électrique !
Produits en France par des agriculteurs, les sapins de Noël poussent sur une terre acide peu fertile, une fois arrivés à maturité (parfois 10 années), ils ont sélectionnés, étiquetés, coupés puis conditionnés pour rejoindre la distribution.

Supports naturels pour des sapins coupés

L’usage de sapin artificiel en plastique est une alternative à celle du sapin naturel. Mais ils sont fabriqués (principalement en Chine) à partir de produits dérivés du pétrole, et exploitent des ressources non renouvelables. Remplacés en moyenne tous les six ans, ils ne sont pas biodégradables et restent difficiles à recycler. Ce type de sapin est tout sauf écologique mais c’est souvent le moyen le plus économique (à long terme), le moins salissant et le plus pratique (pas d’élimination du sapin à prévoir) pour qui habite en ville.
Autre alternative, en Corse, c’est l’arbousier qui prend place dans les foyers et est décoré de la même façon que le sapin traditionnel continental.
On associe toujours le sapin aux cadeaux que l’on dépose ou trouve à son pied…alors il vous reste un peu de temps pour écrire au Père Noël ! Peut-être qu’il exaucera vos vœux… l’important, c’est d’y croire.

Ce n’est pas un rêve, ni un égouttoir à bouteilles...

Le vrai bonheur ne dépend d’aucun être, d’aucun objet extérieur. Il ne dépend que de nous... (Dalaï Lama)
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