Le Chili

Claudine nous fait partager des extraits de son blog relatant son voyage au Chili.

Une descente vertigineuse de plusieurs kilomètres nous plonge tout à coup dans un paysage tout à fait différent. Un site bucolique, dans une atmosphère sereine, une petite route qui serpente au milieu de prairies de taille humaine, de petites maisons éparpillées, des troupeaux de bovins.Tout est paisible sous le regard protecteur du volcan Puyehue(2240m). Et nous arrivons au bord du lac du même nom.
Nous le longeons par le sud jusqu’à Entre Lagos. Il est magnifique. Que prendrons-nous, la route goudronnée qui va à l’ouest sur Orsono ou la route en " ripio" (une piste de cailloux) ? Nous optons pour cette dernière et piquons au sud vers le lac Rupanco.
Bientôt la nuit va tomber. D’un pont qui enjambe le rio Rahue, nous contemplons ce nouveau lac où une foule de gens, des familles, pêchent, se baignent, naviguent sur de simples barques ou des bateaux plus sophistiqués. Un couloir de verdure en bordure d’un grand champ de blé semble tout indiqué pour un repos bien mérité. Un oiseau nous chante la sérénade, des vaches se plaignent au loin, les étoiles se montrent une à une. La nuit sera paisible.
Un nouveau départ sur le ripio, une route toute droite dans les senteurs d’eucalyptus. Et d’énormes acanthes, ici aux feuilles toute rondes. Un pique-nique et une sieste au bord du lac Lanquihue sur une plage noire de lave. C’est que nous avons en face de nous le terrible volcan Osorno(2652m) toujours prêt, à ce que l’’on dit "à faire des siennes" ! Nous l’aurons ainsi en ligne de mire, superbe, couronné de neige, jusqu’à Las Cascadas où nous ferons une réserve d’eau fraîche.
C’est là que les choses vont se corser. Encore du ripio jusqu’à La Ensenada et quel ripio !! Des côtes, des descentes, des virages en devers, des voitures qui soulèvent la poussière au bord du lac que je n’ai pas le loisir d’admirer. C’est dur, je souffre, je pousse le vélo, je peste, je dérape, me récupère, tombe, me relève, pousse le vélo chaque fois plus lourd, souffle, repars. Ras le bol ! Je remonte, dérape, tombe. Les bras me font mal. Yann roule devant avec des pneus mieux adaptés à ce terrain : il m’attend de temps en temps.
Là, c’en est trop, je ne repars pas. Une voiture s’arrête enfin, qui propose d’aller chercher du secours. Des "taons" chiliens profitent de notre immobilité et de notre désarroi pour faire de nous un repas de gala. L’attaque est féroce et le spray anti toutes sortes de bestioles pas très efficace. Enfin, un dynamique "pin-pon" se rapproche, laissant présager une arrivée prochaine. Trois beaux "carabineros", vêtus des couleurs de l’espérance, s’affairent autour de la blessée. Questions, explications…
Cyclos, carabineros, vélos, sacoches, le tout dans le fourgon, et hop ! Pour la Ensenada. Ambulance pour les Urgences à Puerto Varas.
On me cocoone, on prend des radios l’état de mes tendons d’épaules laisse à désirer. Un hôtel où un bon sommeil nous fera oublier pour un temps toutes ces émotions.
Le lendemain, l’Assistance s’organise : taxi, hôtel, taxi cette fois jusqu’à Puerto Mont (par la route que nous devions emprunter à vélo) où un premier avion m’attend. Là, je m’envole vers Santiago et je contemple d’en haut de beaux paysages que je ne verrai pas à vélo.
Yann est resté au sol pour continuer le voyage. Un deuxième avion me déposera à Paris, un troisième à Bordeaux où m’attendra une ambulance pour me déposer devant ma porte. C’est pas beau, çà ?

Et le rêve s’arrêtera là.

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Le vrai bonheur ne dépend d’aucun être, d’aucun objet extérieur. Il ne dépend que de nous... (Dalaï Lama)
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