Avouez qu’il y a de quoi y perdre son latin !

Helleborus niger, l’hellébore noir est qualifié de rose de Noël alors que sa fleur est rarement rose, et que pour fleurir à cette époque elle doit être en pots maintenus à température ambiante, sinon à l’extérieur il fleurit en général en février/mars.
Si le Larousse le qualifie du genre masculin, le féminin se rencontre, tout comme l’absence de « h », déroutant !

L’hellébore fétide vous est beaucoup plus connu car on le rencontre fréquemment en forêt, avec le vert tendre de ses petites fleurs en automne, son feuillage persistant d’un vert plus foncé et malodorant lorsqu’il est froissé (pour justifier son nom).

L’hellébore est une plante glabre (sans poils, ni duvet), vivace de la famille des renoncules et dotée d’un rhizome.
On l’appelle également herbe aux fous, pied de griffon, pied de lion, patte d’ours, rose de serpent, pain de couleuvre, mords-cheval. Pas de quoi susciter une grande envie, car tous les hellébores sont des plantes vénéneuses, et toutes les parties de la plante sont toxiques.
Dès l’Antiquité, il est utilisé contre la goutte, certaines paralysies, la démence ou la folie mais cette utilisation fût proscrite en raison de sa forte toxicité. Ses feuilles étaient aussi prescrites comme stimulant cardiaque aux personnes âgées. L’issue généralement fatale du traitement, fait qu’aujourd’hui il est considéré comme beaucoup trop toxique pour être utilisé
Jadis l’hellébore noir était considéré comme une plante magique associée à la magie noire.
Selon la légende, lorsque le bétail paraissait empoisonné, il fallait lui percer l’oreille et y glisser un fragment de racine (noire) de rose de Noël et l’animal était rétabli en 24 heures…
La rose de Noël n’est pas facile à cultiver. Elle pousse lentement. Elle est sensible aux maladies cryptogamiques, qui provoquent des taches noires sur ses feuilles.

Les hellébores demandent une situation semi-ombragée, et préfèrent une terre drainée, riche en humus, restant fraîche de préférence. Ils supportent le calcaire et les touffes bien installées résistent bien aux sécheresses estivales. Ils n’aiment pas les terres trop acides. Il résiste au gel de l’ordre de -15° C et peuvent fleurir sous la neige
Les nouvelles feuilles apparaissant avec les tiges florales, vert foncé, épaisses et coriaces, et elles sont qualifiées de pédalées (non inventé par l’auteur ! mais signifiant qu’elles se divisent en folioles).

Les fleurs, qui ont toutes 5 pétales et de nombreuses étamines bien visibles, apparaissent de novembre à avril et produisent une grande quantité de pollen. Les fruits se forment, et un appendice charnu (éléosome) contenant des lipides est consommé par les fourmis qui disséminent les graines, et contribue à la dispersion des plantes. On retrouve ainsi les rejetons souvent à plusieurs mètres des plantes mères.

L’hellébore fétide fleurit ordinairement deux fois, la première fois vers cinq ans. De nouvelles tiges naissant de la souche assurent une seconde floraison l’année suivante, cette seconde floraison étant généralement suivie par la mort de la plante. Ne prenez donc pas la peine d’arracher cette plante rhizomateuse (vous avez bien vu : elle sait compter !), sa toxicité et sa courte espérance de vie font qu’elle a mieux sa place dans son milieu naturel.

Votre persévérance dans la lecture de cet article (et des précédents) a pu faire de vous des champions de Scrabble, car la botanique est aussi riche en mots qu’il y a d’espèces ou de variétés naturelles ou obtenues. Seuls les spécialistes maîtrisent ces termes, je n’en suis pas un… mais ce fût est un réel plaisir de se pencher sur les caractéristiques d’une plante somme toute ordinaire et courante et de faire partager mes découvertes à un plus grand nombre… Sans se prendre trop au sérieux !
Mais comme un recentrage des articles sur les activités spécifiques de l’Amicale est souhaité, je continuerai à batifoler et à photographier Dame Nature mais sans prendre la plume.
Luc Rioland